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Rubis sur Soie




Auteur:Rose de Sang
Genre: Dark

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Le blanc. La neige. Le froid. La douleur lancinante de la glace qui enserrait son cœur à demi éteint. Ses yeux fixaient le paysage de neige hivernal devant elle sans le voir. Elle pensait. Elle songeait. Elle rêvait. Cet amour qu’elle éprouvait la tuait un peu plus chaque jour. Etait-ce si coupable d’aimer une de ses semblables? Elle baissa doucement la tête, les yeux clos. Sentant le vent froid jouer avec ses cheveux. Oui, elle était femme et aimait une femme. C’était immoral? Oui, peut-être, pour les autres. Pas pour elle. Cet amour c’est-ce qui l’avait fait tenir, c’était sa force et aussi son mal. Un flocon blanc tomba sur la paume de sa main ouverte. Il neigeait. Est-ce qu’elle aussi regardait cette même neige? Son amour interdit. Et oui, qui aurait cru cela d’elle! Cette femme qui s’était toujours montrée, ou plutôt qui avait toujours été vue comme quelqu'un de « normal » aimant les hommes. Normal… qu’est-ce que c’était d’ailleurs? Il y avait des normes maintenant pour être un être humain? Non… Un être humain était forcément différent d’un autre… C’est cela qui faisait leur richesse!

Le froid semblait l’entourer. Elle referma ses bras autour d’elle, n’ouvrant pas les yeux. Devant elle coulait la rivière qu’elle ne voyait pas à traverser ses paupières fermées. Son cœur se serrait de plus en plus. Mon dieu quelle douleur… Quelle douleur de ne pouvoir la serrer dans ses bras alors qu’elle la voyait chaque jour à Seiran. Ne pouvoir lui avouer ce que ses lèvres brûlaient de lui dire. Cependant, que cette souffrance était douce. Car en se taisant, elle gardait son amitié, sa confiance, elle gardait sa présence si précieuse près d’elle. Pendant les cours, elle pouvait discrètement l’observer, elle était toujours si élégante…..Les robes lui allaient à merveille il fallait le dire. Une élégance extérieure mais encore plus à l’intérieur, elle souffrait elle aussi, la jeune femme le savait, elle lui avait parlé, lui avait avoué ses douleurs.

Tout était noir maintenant. Seule la lumière d’un petit réverbère pâlissante éclairait un fin rond de neige gelée. Pourquoi la vie était-elle si dur avec elle? Après l’avoir à demi tuée, à demi abattut son corps et voilà maintenant qu’elle abattait son cœur… Elle se plaignait… Mais pourtant…… Cette souffrance lui convenait car comme ça elle pouvait avoir sa présence plutôt que de la briser, de l’effrayer peut-être avec la déclaration de la passion brûlante qu’elle ressentait. Une passion oui, un amour devenu trop fort pour être contenu et qui brûlait l’âme de celui qui le ressentait. -Mon dieu……quelle douleur de t’aimer…

Un murmure lui avait échappé, un murmure emporté par la brise de la nuit. Le lune d’argent brillait au dessus, laissant une lumière terne éclairée la ville en silence. Une lueur qui n’était pas assez forte pour réchauffer le gel d’un cœur en souffrance. Elle resta immobile, ses lèvres commençant à gercer.

-Que faites-vous dans ce froid? Vous allez tomber malade…

Une petite voix douce s’était fait entendre derrière elle. La jeune femme rouvrit les yeux rapidement et se détourna, lui faisant face.

-Venez… Vous ne devriez pas rester dans ce temps de neige…

Une main banche s’avança pour se saisir de son bras avec douceur, la faisant tressaillir sous cette pression chaude à travers son manteau. L’arrivante posa son regard sur le visage de la femme, avant qu’il n’accroche au sien. Elle ne bougea pas pendant un moment. Finalement, elle la tira doucement par le bras pour la forcer à la suivre. Devait-elle la laisser ainsi ? Sûrement pas. Son amour risquait de geler ainsi sous ce froid. Elle avait dit son amour ? Oui… elle l’aimait. Mais elle ne le saurait jamais, elle ne l’aimait pas et était tellement plus… mieux qu’elle. Cette femme était son modèle, sa passion, son courage. Sa faiblesse aussi. Mais douce faiblesse… Elle serrait toujours son bras, comme si elle avait peur qu’elle ne lui échappe. Elle allait la ramener à son appartement et s’occuper d’elle. Elle ne repartirait qu’en étant sûre que cela irait bien. Elles marchaient au même rythme. D’un pas modéré, profitant de la promenade sous la neige avant de finir par arriver devant le bâtiment. Elles prirent l’ascenseur et allèrent jusqu’à la porte, que la propriétaire ouvrit d’un geste sûr avant d’y faire entrer sa compagne et d’y entrer elle-même. Cet appartement était simple mais chaleureux comme elle, pensa la jeune invitée. Elle retira son manteau et l’accrocha.

-Vous devriez aller prendre une douche chaude, je vais préparer le repas !

La femme eut un sourire à cette remarque et n’eut pas la force de répliquer. Quel étrange pouvoir avait-elle sur elle pour la rendre si docile ? Elle n’en savait rien. Elle se dirigea alors vers la salle de bain qu’elle ferma à clé avant de mettre en route les jets chauds de la douches. Elle se déshabilla et s’y glissa, appréciant de se réchauffer après avoir eu si froid dehors. Elle y resta environ 10 minutes avant de ressortir, éteignant l’eau et se glissant dans une serviette chaude posé sur un radiateur. Elle frotta rapidement ses cheveux avec une autre et les laissa ainsi, ils sécheraient bien seuls. Elle essuya son corps et renfila ses vêtements avant de rejoindre sa jeune compagne dans la cuisine.

La jeune fille, après de le départ de la jeune femme, avait décidé de leur préparer un repas de roi ! Elle s’était alors attelée à couper légumes et viandes et à les faire cuire, voulant préparer un repas fin mais aussi simple, inutile de faire un repas lourd surtout pour le soir ! Elle faisait cuir le tout lorsqu’elle entendit des pas, elle se retourna et offrit un beau sourire à la jeune femme.

-La douche vous a réchauffée ?

-Oui, mais tu n’étais pas obligée de faire tout ça..On doit t’attendre.

-Ne vous en faites pas, personne ne s’inquiétera et de toute façon je ne pouvais pas vous laisser ainsi.

C’était vrai. Personne ne s’inquiéterait de ne pas la voir revenir, on lui faisait tellement confiance… C’était des fois une trop lourde charge sur ses épaules… Elle regarda ensuite dans les placards afin de trouver de quoi mettre la table. Elle sortit deux assiettes blanches, deux fourchettes, deux couteaux et chercha les verres. Elle les trouva finalement, en sortit un mais l’autre était plus loin. Elle se mit sur la pointe des pieds et l’attrapa du bout des doigts, mais elle dérapa, se sentant tomber vers l’arrière. Rapide, la jeune femme se plaça derrière elle, passant un bras autour de sa taille pour la rattraper tandis que cette dernière tenait le verre. Aucune des deux n’osa bouger, ce contact avait été trop rapide, trop imprévu. La jeune fille tourna son visage vers sa compagne, leurs regards s’accrochant sans que l’une ou l’autre ne face un geste. Chacune entendait les battements affolés du cœur de l’autre, chacune sentait le corps de l’autre. La jeune fille baissa les yeux la première, rompant ce contact trop éphémère à leur goût.

-Mer... Merci…

-Je t’en prie. Fais attention, je ne voudrais pas que tu te blesse.

-Oui…

La femme prit les couverts et les assiettes avant d’aller vers le salon où elle prépara la table. La jeune fille resta en cuisine, une main sur le cœur, les joues rouges. C’était un moment court mais si merveilleux ! Elle avait été dans ses bras… Oh pendant un très court moment et par accident, mais elle l’avait étreint tout de même ! Son corps frissonnait encore au souvenir de ses bras l’entourant. Elle secoua la tête, se reprenant et se remit à la cuisine.

Mais elle ne se doutait pas que son hôte, elle aussi, était troublée. Après avoir mis la table, elle s’était approchée de la baie vitrée ouverte sur le salon de l’appartement. Une main sur la vitre, elle regardait la neige tomber en laissant aller ses pensées. Quel bonheur cela avait été de l’avoir contre elle, de sentir son corps fin contre le sien même un temps si insignifiant. Et leurs regards… Restés si fortement liés… Elle aurait juré voir une étincelle briller dans ses yeux. Elle eut un sourire et ferma les yeux. A force de devenir obsédée par son amour, elle croyait voir la même chose chez sa compagne… Il fallait qu’elle se contrôle où elle finirait par faire une bêtise. La jeune fille sortit de la cuisine, un plat dans les mains qu’elle posa sur la table dressée où brillaient deux chandeliers ornés de cierges, seule lumière présente. Un dîner aux chandelles avec sa bien-aîmée… Que rêver de mieux. Le cœur de la jeune fille se serra de joie, un sourire rayonnant sur ses lèvres.

-Venez, le repas est servi !

Ce sourire… Elle le graverait dans sa mémoire pour ne jamais l’oublier. La femme s’assit en face de sa compagne et le repas débuta. Il fut chaleureux et agréable. Elles parlèrent de sujets divers ou alors ne disaient rien, profitant simplement de la présence de l’autre. Une fois le repas fini, elles commencèrent à débarrasser.

-Je vais terminer. Va donc prendre une douche. Je m’occupe de te trouver un vêtement de nuit, il est trop tard pour que tu rentres.

-Oh… bien.

La jeune fille partit vers la salle de bain, le cœur en joie à l’idée de profiter un peu plus longtemps de son aimée. Elle retira ses vêtements et protégea ses cheveux d’une serviette pour ne pas les mouiller et se glissa sous l’eau chaude.

Pendant ce temps, la jeune femme était allée dans sa chambre, mais plutôt que de chercher un vêtement de nuit, elle s’était arrêtée devant le psyché. Retirant un à un ses vêtements, complètement nue devant lui, elle observa son reflet. Ce corps qu’elle haïssait d’être si faible… Ce cœur qu’elle maudissait de la faire souffrir… Elle en avait assez…… Cette douleur était trop lourde… Vivre près d’elle sans pouvoir la toucher… l’enlacer… savoir son amour condamné… S’en était trop! Tournant la tête, elle aperçu sur son bureau, un cutter, éclairé par un rayon de lune. Un signe. Comme dans un rêve, ou plutôt un cauchemar, elle s’en saisit. Une marque de sang apparut à son poignet, la même fut faite à l’autre avant que l’arme ne tombe au sol dans un bruit mat. Elle s’avança vers le lit et s’allongea sur les draps blancs, les mains et les bras couleur rubis tachant la soie. Elle ferma les yeux. Elle allait mourir doucement, en silence, telles ces mouettes qu’elle avait vu prendre leur envol, elle prendrait le sien pour des cieux sans douleur, sans souffrance. Elle sentait la vie la quitter, son corps devenait froid alors que son sang continuait à couler.

-Vous êtes là?

Cette voix tant de fois chérie venait encore de la tirer de ses songes. Mais elle se refusa à bouger. Elle voulait juste mourir et partir en paix.

Après cette douche vivifiante, la jeune fille était entourée d’une serviette et avait libéré ses cheveux avant de partir à la recherche de son hôtesse. Voyant une silhouette allongée, elle comprit qu’elle était dans sa chambre et s’avança. Cœur glacé, regard mort, corps blessé. Ce spectacle brisa son cœur en mille éclats plus coupants que le verre. Ce sang, cette pâleur. Non! Elle ne pouvait pas faire ça! Elle ne pouvait pas l’abandonner seule dans ce monde glacé! La jeune fille courut près d’elle, examinant ses blessures. C’était trop tard, ce pressentiment lui enserrait le cœur. Elle allait mourir, elle le savait. Ses larmes se mirent alors à couler violement.

-Pourquoi avez-vous fait cela! Vous n’aviez pas le droit! POURQUOI!!

Ce cri de désespoir fit ouvrir les yeux de la femme qui les posa sur le visage baigné de larmes. Un sourire fragile éclaira ses lèvres. Elle était si belle avec ces larmes qui paraient sa peau de diamants… Maintenant qu’elle allait mourir, elle pouvait enfin lui dire, sans regret. Un doux murmure s’envola de ses lèvres.

-J’avais juré de me taire, voulant conserver près de moi une présence à défaut d’un corps, d’une âme. Mais maintenant, je pourrai partir tranquille, alors je peux te le dire: je t’aime. Cet amour unique me brûle et me consume. Ma force n’est plus, ma douleur, elle, ne fait que grandir. Alors tout ce que je veux à présent, c’est garder l’image de ton visage si beau avant de m’endormir pour ne plus souffrir.

Les yeux de la jeune fille s’écarquillèrent. Elle l’aimait! Oh mon dieu elle l’aimait! Mais elle avait cru cet amour à sens unique! C’est pour cela qu’elle l’avait fait! Qu’elle s’était tuée! Une douleur encore plus violente prit possession d’elle.

-Oh Seigneur! Pardonne-moi! Je… Si je te l’avais dit… Tu n’aurais pas fait cela! Je… Je t’aime! Je t’en supplie ne me laisse pas seule! J’ai besoin de toi! De ta tendresse, ta bienveillance, de toi!

Elle était presque couchée contre elle et pleurait gravement. La femme souriait, des larmes coulant de ses yeux. Elle mourrait heureuse après ces mots. Soudain, le regard de la jeune fille rencontra quelque chose. Elle se leva et ramassa le cutter, encore souillé du sang de celle qu’elle aimait. Elle détacha la serviette autour d’elle, la laissant au sol, se retrouvant nue. Elle entailla ses poignets et lâcha la lame, revenant sur le lit, près d’elle. Elle s’allongea contre elle.

-Tu ne mourras pas seule. Par ma lâcheté à te cacher mon amour tu meurs, alors je te suivrais pour que, durant toute l’éternité, je te prouve la passion et l’amour que j’ai pour toi.

Elle se pencha et posa ses lèvres sur les siennes. La jeune femme ferma les yeux et lui répondit, sentant dans ce contact un dernier présent avant sa mort. La jeune fille, couchée contre elle, posa son visage dans son cou, une main sur sa poitrine alors que l’autre mêlait ses doigts à ceux de la femme. Elles fermèrent doucement les yeux. Leurs cheveux se mêlaient en une aura sombre sur leur peau pâle, rehaussée par le sang coulant sur leurs corps. Leurs lèvres se fermèrent sur leurs derniers mots.

-Je t’aime Kaoru.

-Je t’aime Mariko.

Minuit sonna à cet instant. Un fin sourire étira leurs lèvres, avant que leurs cœurs ne s’arrêtent ensemble, au même instant, tels des âmes sœurs. Nous étions le 25 décembre. C’était Noël.

FIN

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